Bon, j’avoue. J’ai un petit pincement au cœur alors que nous nous apprêtons à lire la Parasha Vaye’hi demain. Elle raconte la mort de Jacob - le dernier des trois patriarches - la mort de Joseph aussi, la fin de la Genèse et donc de facto le début de l’Exode. Vaye’hi, en réalité c’est un peu une page qui se tourne. La fin du livre du Début.
Je pose la question dans ce texte : Comment s’achève donc le commencement ? (ou comme dirait le psy de mon frère : Comment je vous retrouve ?)
Moi je vous retrouve après avoir passé trois jours hors du commun à Limmud, un festival annuel qui réunit plus d’un millier de personnes autour d’un programme de conférences et d’activités liées au Judaïsme. Un Kibboutz à 500m de l’aéroport de Birmingham(Burning man pour les intimes). Et ma tête ce soir, c’est un peu comme la parasha Vayehi en ça que la parasha Vayehi est une parasha fermée, c-à-d qu’il n’y a pas d’espace entre le début de la Parasha et la fin de la précédente. Pas de marge, pas de respiration, les choses s’enchainent. Il est donc probable que je saute du coq à l’âne en partageant des parenthèses de conférences auxquelles j’ai assistées. Voilà, maintenant que le décor a été planté et que le contexte vous a été donné, allons-y :
Comment s’achève donc ce commencement ?
La fin de Jacob sonne la fin des sept semaines que nous venons de passer à suivre ses aventures et celles de sa mif, depuis le sein de sa mère jusqu’au chevet de la mort.[1]Jacob c’est Esaü, c’est Laban, Rachel, Leah, Bilha, Zilpa. Jacob c’est Dina ! Jacob c’est Joseph ! Naturellement, on commence à comprendre un peu le personnage, à s’y attacher même, là où avec Isaac, on n’a pas vraiment eu le temps. [2]
Et puis, quelle chance aussi, de pouvoir réapprendre à connaitre Israël au moment même où le monde exige de nous des réponses claires. C’est quoi Israël ? C’est qui ?
Jacob, au commencement, je le vois un peu comme le type fuyant selon Lise Bourbeau. Je cite : « le fuyant est une personne souffrant d’une blessure fondamentale du rejet. Le fuyant est une personne qui doute de son droit à l’existence et qui ne semble pas s’être incarné complètement. Le fuyant est un corps qui ne veut pas prendre trop de place. La blessure du rejet est souvent vécue avec le parent du même sexe qui a pour rôle de nous apprendre à aimer, à nous aimer et à donner de l’amour, là où le parent du sexe opposé nous apprend à nous laisser aimer et à recevoir de l’amour. »[3]
Scénario qui se défend: Jacob – chouchou à sa maman pour compenser le manque affectif du père Isaac qui préférait Ésaü – aurait développé le masque du fuyant. Lisons le texte.
וְעַתָּ֥ה בְנִ֖י שְׁמַ֣ע בְּקֹלִ֑י וְק֧וּם בְּרַח־לְךָ֛ אֶל־לָבָ֥ן אָחִ֖י חָרָֽנָה
Maintenant, écoute-moi bien, mon fils ! Pars d’ici, fuis chez mon frère Laban, à Charan.
(Toldot, 27 :43)
וַיִּבְרַ֥ח הוּא֙ וְכׇל־אֲשֶׁר־ל֔וֹ וַיָּ֖קׇם וַיַּעֲבֹ֣ר אֶת־הַנָּהָ֑ר וַיָּ֥שֶׂם אֶת־פָּנָ֖יו הַ֥ר הַגִּלְעָֽד
Il s’enfuit avec tout ce qui lui appartenait et traversa l’Euphrate ; puis il se dirigea vers les monts de Galaad.
(Vayetse, 31 :22)
À deux reprises, Jacob prend la fuite. La première fois en quittant chez lui, à la suite des menaces de son frère Ésaü, et la second fois en quittant son oncle Laban. D’ailleurs, le même verbe est employé à deux reprises : בָּרַח
Après avoir fui la seconde fois, après 20 ans de vie chez Laban, Jacob s’apprête à retrouver son frère Ésaü et doit, pour ce faire, traverser la rivière Jabbok avec sa tribu. Je souris en lisant le commentaire du Rachbam : « Ayant fait passer tous les siens, il restait lui seul puisque son intention était de s’enfuir par un autre chemin afin que Ésaü ne le rencontre pas.» [4] Le fuyant allait nous la refaire, jamais deux sans trois.
J’aimerais clarifier ici la fuite comme un moyen de s’éviter soi-même.La fuite devient comme une seconde peau, s’imprègne dans tout, jusqu’à en devenir indissociable. On ne discerne plus ce qui est de la réalité et ce qui est de la fuite. Par exemple, le mouvement peut être une fuite. Fut un temps où pour m’éviter, je ne faisais que voyager, j’etais là mais aussi pas du tout là. Les substances peuvent être une fuite. Le sport peut être une fuite. Le travail peut être une fuite, bien évidement. La torah même peut être une fuite.
On peut ne jamais en sortir, et quelque part c’est ce qui est le plus souhaitable. Mais le mystère de la vie et, surtout, de la mort fait qu’à un moment, on se fait face. Et si on ne sait pas comment arrêter de fuire, c’est qu’on a besoin d’un petit coup de pouce … ou dans notre cas présent, un petit coup de hanche.
Pour moi, c’est ça que représente la rencontre de Jacob avec l’ange, sa première véritable confrontation.
Portrait du scénariste, producteur et humoriste américain Larry David, célèbre notamment pour le sitcom Seinfeld et Curb Your Enthusiasm
Car jusqu’ici, Jacob est plus proche de Larry David que d’Abraham. J’y ai pensé en écoutant la conférence de la psychologue clinicienne Danielle Landau I (over) think, therefore I suffer. Le stéréotype de ce juif super angoissé par l’incertitude qui se pose des questions sans cesse, en essayant de prédire et d’anticiper les évènements … C’est Jacob. Jacob en fait c’est un mec qui vit, la plupart du temps, dans sa tête et qui s’occupe à créer mille combines pour résoudre des problèmes qu’il s’est créé tout seul.
De Toldot à Vayehi, les exemples abondent: du plat de lentilles pour son frère jusqu’à l’amélioration des techniques d’élevage et de reproduction pour accroître ses chèvres en passant par la circoncision des hommes de Chekhèm et les vagues de cadeaux pour amortir la rencontre avec Esaü … une chose est certaine c’est que le mec ne manque pas d’imagination. Jacob est un over-thinker professionnel, ce que Danielle Landau décrirait comme un mécanisme de survie. En bref, le premier Ashkénaze de l’histoire.
וַיִּירָ֧א יַעֲקֹ֛ב מְאֹ֖ד וַיֵּ֣צֶר
Jacob eut très peur et fut angoissé.
(Vayichla’h 32 :8)
Angoissé … il y’a plus de 3000 ans déjà! Alors que fait-il ? Oui oui, il crée une énième ruse pour éviter la confrontation. Son mécanisme de survie se remet en route. Mais y’a un moment où faire sa vie en fonction de l’instinct de survie, ça ne fonctionne plus.
Cette nuit là, seul dans le noir, Jacob a peur. Maintenant qu’il n’est plus sous la protection maternelle ou celle de son oncle, il se demande si son ‘action’ est légitime au regard de l’autre ou devrais-je dire, son existence, même. N’est-ce pas Ésaü qui aurait dû recevoir la bénédiction, garder son droit d'aînesse et mener le peuple vers sa destinée ? Qui suis-je moi, si je ne suis pas occupé à résoudre des problèmes et organiser ma prochaine fuite ? Qu’est-ce que je vaux ? Et pourquoi je vis ?
Va pour le petit coup de hanche. Ça va le calmer.
J’ai mis du temps à vraiment localiser l’endroit de la douleur. Était-ce la cuisse ? la hanche ? le sexe ? les ischions ? les reins ? Je me noyais dans mon propre verre mais je voulais savoir. Dis-moi où tu as mal et je te dirai pourquoi. Le corps lui, ne ment pas. A ma grande surprise, c’est Hanukkah qui me fournit la réponse.
וְזֶ֨ה מַעֲשֵׂ֤ה הַמְּנֹרָה֙ מִקְשָׁ֣ה זָהָ֔ב עַד־יְרֵכָ֥הּ עַד־פִּרְחָ֖הּ מִקְשָׁ֣ה הִ֑וא כַּמַּרְאֶ֗ה אֲשֶׁ֨ר הֶרְאָ֤ה יְהֹוָה֙ אֶת־מֹשֶׁ֔ה כֵּ֥ן עָשָׂ֖ה אֶת־הַמְּנֹרָֽה׃ {פ}
Et telle est la confection de la Menora, en or martelé, depuis sa base jusqu’à sa fleur elle est martelée.
(Behaalotekha, 8 :4).
Quel mot est employé dans le texte pour décrire la base de la Menorah ? Si, si, vous l’avez deviné : le même mot qui est utilisé pour définir la hanche de Jacob, le mot yerekh – ירך. Wow, Jewitch le retour.
La menorah peut-être vue ici comme un symbole qui représenterait le lien entre la terre et le ciel, porteuse de la lumière primordiale. La forme de la menora en soit évoque la structure naturelle la plus élaborée de la Création, c'est-à-dire l'arbre, avec un tronc, un axe duquel se détachent sept branches dont l’extrémité est appelée perah פרח, c'est-à-dire la fleur.
La base de la menorah, la hanche de Jacob c’est ce que d’autres appellent encore Svādhishthāna, le Chakra Sacré. Un centre énergétique important situé dans la région pelvienne et qui est associé à l’énergie vitale celle de laquelle découle notre créativité, notre désir, notre libido, notre procréation. Siège du subconscient dans lequel sont emmagasinées nos expériences et impressions profondes, y réside aussi tout ce qui peut bloquer ces énergies vitales : la peur, la colère, la jalousie.
Alors ceux et celles qui lisent, commentent et recitent la Torah me diront que cet épisode touche à la question de descendance, de transmission, de Jacob comme de cet individu de qui adviendra un Peuple. Jacob est bibliquement, le père des douze tribus d’Israël; comme si, finalement que nous parlions de l’arbre ou de l’homme, au bout du compte, au bout de la Menora, c’est la course des graines. Mais j’aimerais étendre la définition un peu plus loin. Pour moi, le combat de Jacob, c’est son combat pour devenir lui. C’est s’autoriser pour la première fois la légitimité d’être lui-même. Et seulement à partir de là, pouvoir laisser une trace qui lui soit propre. Lisez enfant si vous voulez, mais je crois aux héritages au delà de la descendance, je pense à des artistes qui nous ont laissé une partie d’eux et qui continuent à vivre à travers leurs oeuvres. Après s’être fait passer pour son frère (et que sa première épouse Leah se soit faite passer pour sa sœur Rachel), est venu le moment pour Jacob de lutter pour rester droit et se regarder lui-même, comme il est là, seul et nu, dans la nuit. Il y’a des combats nocturnes qui peuvent durer un moment tant on en vient à dénouer des peurs, des blocages et des croyances ancrées en nous depuis le second Chakra de nos mères.
Ce que cet épisode me raconte c’est qu’il ne suffit pas de naitre, fil.le.s de untel et untelle. Il ne suffit pas d’être béni.e. Il ne suffit pas d’être aimé.e. Il ne suffit pas d’être choisi.e. L’histoire de Jacob nous apprend qu’un second prénom, ça se mérite. Que pour s’affranchir d’une ancienne peau, pour devenir soi et pour engendrer un futur, nous devons lutter contre nous-mêmes et … vaincre. Quel que soit notre trajectoire, nos rêves, nos talents, nos réalisations, il nous est demandé de devenir nous-même dans ce monde. D’y ajouter notre touche unique. Tel est le paradoxe du peuple d’Israël: sa survie exige un cadre de rituels prévisible et répétitif mais pour rester une alliance sacrée plutôt qu'un simple style de vie, cela exige de ses détenteurs qu'ils et elles s'engagent dans une transformation continue de soi.
C’est une injonction difficile à comprendre je crois pour d’autres cultures. Mais dans le judaïsme, pour être avec Dieu, il faut se battre contre, aussi. C’est la seule manière de ne pas en faire une idole. De garder une foi vivante et donc ancrée dans le ici & maintenant. Et n’est-ce pas la même chose dans nos relations ? On peut se battre et s’aimer. On se bat, justement, parce qu’on s’aime. Aussi non, on fuit.
Le combat est ici matérialisé par une transformation physique, le corps ne ment jamais. Jacob est disloqué et passe le restant de ses jours à boiter. Abraham avait également été blessé lorsqu'il se circoncit à l'âge de 99 ans. Les deux hommes sont transformés spirituellement au moment même où ils reçoivent une blessure qui les altèrent dans leur physicalité. Comme si leurs aspérités nous donnent quelque chose à quoi s'accrocher, comme si cette nuit de solitude et de bataille avait finalement permis à Jacob de changer de rythme, de prendre une nouvelle direction. Se rencontrer c’est accepter de se transformer. Rencontrer l’autre, c’est accepter de se faire transformer par cette rencontre. Et me viennent les mots de Barbara Polla dans sa dernière Newsletter quand elle écrit: “L'art est cet endroit où, parfois, on accepte d'écouter d'autres langues, d'autres façons de raconter des histoires, d'autres façons d'être, où l'on parvient à s'approcher de l'expérience de l'autre, où l'on arrive à se débarrasser, un peu, de ses a priori.”
Danielle Landau avait donc tort, tout n’est pas une question de survie, de fight or fly.[5] Grâce au biologiste William Kunin et sa conférence On Tu B'Shvat, the four worlds of the Kabbalah and fruit-frugivore co-evolution, j’ai compris que le lien entre les plantes et les insectes herbivores/pathogènes qui se développent dans les mêmes zones, est bien plus complexe et sophistiquée que la théorie binaire du fight or fly. Selon lui, les espèces interagissent dans un continuum entre du mutualisme et du parasitisme. La clé de cette danse est la manière dont les arbres vont pouvoir disperser leurs graines pour faire survivre leur espèce au mieux. On pourrait croire que ce qui est bon pour la plante, est bon pour l’insecte ou bon pour l’animal qui les digèrent ; mais c’est rarement le cas. Les espèces qui survivent le mieux sont celles qui sont capables de cohabiter et collaborer avec les pathogènes de manière équilibrée et dynamique afin d’apprendre et de permettre la reproduction de l’espèce (sans l’intervention d’un berger ingénieux qui doit rendre des comptes à son oncle). Le mutualisme apparaît lorsque des individus de deux ou plusieurs espèces bénéficient de la présence ou de l'activité de l’autre. La nature sait, dans sa création première, que la survie découle du mutualisme - enraciné dans l’apprentissage par et à travers l’autre.[6]
Alors certains me diront que mes théories de bisounours sont bien sympathiques mais « qui a gagné le combat ? » Je ne peux répondre à cette question, la seule chose que je peux écrire c’est qu’après avoir combattu, Jacob demande à être béni par cette présence nocturne.
וַיֹּ֣אמֶר שַׁלְּחֵ֔נִי כִּ֥י עָלָ֖ה הַשָּׁ֑חַר וַיֹּ֙אמֶר֙ לֹ֣א אֲשַֽׁלֵּחֲךָ֔ כִּ֖י אִם־בֵּרַכְתָּֽנִי
L’ange dit alors : « Laisse-moi partir car voici l’aurore. »
Je ne te laisserai partir que lorsque tu ne m’auras béni, répliqua Jacob
(Vayichla’h, 32 :27)
Et pour moi c’est en ça que Jacob est victorieux. La bénédiction viendrait ici comme un moyen d’acter le changement, d’accepter la mue et de dire aurevoir à une partie de lui, littéralement. Ça m’a fait penser à ce poème de Emory Hall I have been a thousand different women que je partage ici:
Après ce point culminant, l’ange annonce à notre ami: "Tu ne seras plus appelé Jacob, mais Israël car tu as lutté avec le Divin (…).” Il ne s'agit pas d'un simple changement de nom, mais d'une métamorphose de l'identité. Jacob était sorti second du ventre de Rebecca et tenait le talon de son frère, d’où son prénom יַעֲקֹ֤ב ya’aqov qui contient le mot talon העקב ‘eqev - aussi traduit par ‘celui qui supplante’ . Jacob c’est son passé. Le talon représente nos racines, nos bases par conséquent de façon générale ce qui a trait à ce sur quoi nous prenons appui pour avancer. Israël d’un autre côté, représente son avenir et son destin à la suite de cette rencontre qui l’a transcendé et transformé.
Et ça tombe bien. Car nous aussi nous regardons vers l’avenir.
Nous nous apprêtons à lire la Parasha Vaye’hi demain. Ensuite, nous commencerons un nouveau livre, celui de l’Exode. Le livre de l’esclavage et de la liberté. Ce soir nous célébrons le dernier shabbat de 2023 et entamons une nouvelle année 2024.
Comment s’achève donc ce commencement ? Quelle graine a été plantée car vous vous êtes confronté.e.s à vous-mêmes ? Quelle version obsolète de vous-même avez-vous laissé partir ? Ça peut être aussi simple que « J’ai fait cette recette pour la première fois de ma vie, je pensais que j’étais nulle en cuisine » ou « J’ai finalement dit ce que je pensais tout haut à la table de famille, de manière alignée et calme » ou « j’assume enfin cette relation car elle me fait grandir » ou « J’ai démarré un compte Instagram pour une idée que j’avais depuis longtemps ». En bref, quelle légitimité a été débloquée ? Celle d’un talent ? D’une relation ? D’un désir ? D’un arrêt ? S’autoriser l’arrêt c’est éviter la luxure de la hanche. Le repos est définitivement résistance. Quelle partie de votre corps est ou a été touchée dans la transformation ?
Alors que beaucoup de monde questionne aujourd’hui encore la légitimité de l’existence de l’État d’Israël, n’est-il pas temps de se demander profondément à l’intérieur de nous, que faisons-nous pour mériter ce nom ? Comment façonnons-nous notre monde ?
Pour ma part, la lecture de la Genèse depuis Octobre 2023 représente le début de ce site, le18, avec notamment l’histoire de Ève. Un espace que je façonne de mots, une exploration intime que je sors de l’ombre. Une petite graine plantée, à coup de hanches, dans ce monde et qui j’espère me relie – par toutes les luttes desquelles elle découle – à Israël.le.s.
Michal Macku
Enfin, pour ceux qui auraient compris que le combat se fait avec les poings, je sors ma carte Rachi. Dans son commentaire sur le verbe employé pour définir cette bataille וַיֵּאָבֵ֥ק wayéavéq. Il écrit :« Quant à moi, ce verbe signifie ‘il se lia dans un corps à corps’, comme en araméen : après qu’ils s’y étaient attachés (aviquou) (Sanhédrin 63b) ou bien ‘il en faisait un nœud’ (weaviq) (Mena’hoth 42a). Lorsque deux personnes luttent à qui fera tomber l’autre, elles s’enlacent et se serrent dans les bras l’une de l’autre. » [7]
וַיָּ֨רׇץ עֵשָׂ֤ו לִקְרָאתוֹ֙ וַֽיְחַבְּקֵ֔הוּ וַיִּפֹּ֥ל עַל־צַוָּארָ֖ו וַׄיִּׄשָּׁׄקֵ֑ׄהׄוּׄ וַיִּבְכּֽוּ
Esaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou et l’embrasse ; puis ils pleurèrent.
(Vayichla’h, 33 :4)
En regardant vers l’avenir, je nous souhaite la force d’arrêter de fuir, d’arrêter tout court, le courage d’affronter nos peurs et embrasser le pouvoir transformateur de la légitimité de soi. Puissions-nous honorer nos corps vaillants, car ils sont le parchemin de nos vies, ceux sur lesquels nos histoires sont écrites. Puissions-nous demeurer fils et filles du Peuple d’Israël, ceux et celles qui acceptent de se faire transformer par l’altérité et par là, deviennent créateurs et créatrices d’un surplus de vie.
Je vous serre dans les bras,
Julia Régine
Ps: Il est 08h18 du matin lorsque je termine cet article, à l’heure où l’aube pointe le bout de son nez.
Merci pour votre lecture 💖
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[1] Lecture de Toldot, Vayetsé, Vayichla’h, Mikets, Vaigach, Vaye’hi
[2] Une conférence qui me reste est la toute première à laquelle j’ai assistée : Family therapy for Moses, Miriam and Aaron. Et autant dire que je rêve d’une session similaire sur les dynamiques intra-familiales dans la famille de Jacob. Ouf, spicy!
[3] Lise Bourbeau, Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même, 2013
[4] Mikraot Gedolot, Vol 3, Page 332, Editions Gallia
[5] Décrite pour la première fois en 1929 par le physiologiste américain Walter Bradford Cannon, cette théorie utilise la zoologie pour démontrer que face à une menace de survie, une décharge générale du système nerveux orthosympathique amorce l'animal à un choix : le combat ou la fuite.
[6] Le mutualisme est une interaction entre plusieurs espèces vivantes qui en retirent toutes un avantage évolutif. Cela se traduit par des avantages en matière de protection, de dispersion, d'apports nutritifs ou de pollinisation. Le mutualisme correspond à une interaction à bénéfices réciproques. Dans une interaction de type mutualiste, l’association entre les deux individus s’installe sans que la relation soit obligatoire, ce qui veut dire que la survie des individus ne dépend pas de cette interaction.
[7] Mikraot Gedolot, Vol 3, page 332, Editions Gallia