Amie.s du soir, Bonsoir,
C’était tout de même assez troublant de lire l’histoire de Noé et du déluge la semaine dernière alors que nos voisins espagnols recherchent encore des dizaines de disparus et comptent leurs morts après des inondations désastreuses dans la région de Valence.
Voici le segment du Texte dans lequel j’aimerais plonger avec vous, aujourd’hui:
וְנֹ֕חַ מָ֥צָא חֵ֖ן בְּעֵינֵ֥י יְהֹוָֽה
אֵ֚לֶּה תּוֹלְדֹ֣ת נֹ֔חַ נֹ֗חַ אִ֥ישׁ צַדִּ֛יק תָּמִ֥ים הָיָ֖ה בְּדֹֽרֹתָ֑יו אֶת־הָֽאֱלֹהִ֖ים הִֽתְהַלֶּךְ־נֹֽחַ
וַיּ֥וֹלֶד נֹ֖חַ שְׁלֹשָׁ֣ה בָנִ֑ים אֶת־שֵׁ֖ם אֶת־חָ֥ם וְאֶת־יָֽפֶת׃
וַתִּשָּׁחֵ֥ת הָאָ֖רֶץ לִפְנֵ֣י הָֽאֱלֹהִ֑ים וַתִּמָּלֵ֥א הָאָ֖רֶץ חָמָֽס
וַיַּ֧רְא אֱלֹהִ֛ים אֶת־הָאָ֖רֶץ וְהִנֵּ֣ה נִשְׁחָ֑תָה כִּֽי־הִשְׁחִ֧ית כׇּל־בָּשָׂ֛ר אֶת־דַּרְכּ֖וֹ עַל־הָאָֽרֶץ
וַיֹּ֨אמֶר אֱלֹהִ֜ים לְנֹ֗חַ קֵ֤ץ כׇּל־בָּשָׂר֙ בָּ֣א לְפָנַ֔י כִּֽי־מָלְאָ֥ה הָאָ֛רֶץ חָמָ֖ס מִפְּנֵיהֶ֑ם וְהִנְנִ֥י מַשְׁחִיתָ֖ם אֶת־הָאָֽרֶץ
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Et Noé trouva grâce aux yeux de Dieu.
Voici l’histoire des engendrements de Noé. Il était père de trois fils : Sem, Cham et Japhet.
Noé était un homme juste et intègre parmi ses contemporains.
Mais aux yeux de Dieu, l’humanité était corrompue : partout ce n’était que violence. Quand il regardait la terre, il constatait que tous les êtres humains étaient corrompus. Il dit alors à Noé : « J’ai décidé d’en finir avec tous les humains. Par leur faute, le monde est en effet rempli de violence ; je vais les supprimer de la terre. »
(Genèse - 6 : 8-13)
Je me suis arrêtée sur le verbe שָׁחַת sharat qui revient pas moins de quatre fois dans ces premiers versets. Mon dictionnaire propose les traductions suivantes: corrompu, détruire, abimer, détériorer, être dépravé. L’expression שד משחת shed misharat signifie : celui qui a le diable au corps.
Je me suis alors demandée en quoi ces hommes et ces femmes étaient-iels corrompu.e.s ? Ça veut dire quoi d’abord ? Se corrompre ? Physiquement ou moralement ? Ne le sommes-nous pas toustes d’une certaine manière ? L’histoire de Noé est-elle juste une poussiéreuse histoire biblique ou a-t-elle encore quelque chose à nous dire sur ce que nous traversons aujourd’hui en tant que société ?
Vous vous en doutez bien, j’opte pour la seconde option.
Juxtaposition - Scène du Déluge, Joseph Désiré Court, 1826 & Pakistan Floods, Paula Bronstein, 2022
Le continuum pornographique
Les commentateurs eux ne laissent aucun doute sur la nature de l’affaire. Selon Rachi, la corruption ici exprime l’idée de “dérèglement sexuel et d’idolâtrie”. Le fait que le mot חָמָֽס hamas soit utilisé pour exprimer la violence ajoute la notion de vol, avec violence. Sans commentaire. Hamas évoque ici l’idée d'un vol motivé non par nécessité, mais par le désir de posséder ce que l'autre possède, un acte dicté par l'envie plutôt que par le besoin. Le Ramban spécifie que nous parlons de dérèglement sexuel incluant “toute chaire”, à savoir même le bétail et les bêtes sauvages. Rabi Yo’hanan écrit : “cela nous apprend qu’ils accouplaient les animaux domestiques avec les animaux sauvages, les animaux sauvages avec les animaux domestiques ; et tous avec l’homme, et l’homme avec tous.”
On trouve ici une atmosphère de “tout est possible”, “sans limite”. En bref, il faut s’imaginer un tableau de Hieronymus Bosch.
Détails, Le Jardin des délices, Hieronymus Bosch, 1503-1504
Dans son livre La Cité perverse : Libéralisme et pornographie (que je recommande vivement), le philosophe Dany-Robert Dufour, retournant aux écrits de Saint Augustin, distingue trois types de libidos : celle qui découle de la chair (libido sentiendi), celle qui procède de la passion de posséder toujours plus et de dominer (la libido dominandi) et celle enfin qui touche à la passion de voir et de savoir (la libido sciendi). Dès lors, on peut jouir non seulement dans la dimension sexuelle, mais aussi dans celle de la possession et de la domination, de même que dans celle du savoir. [1]
En lisant cette distinction entre les trois types de libido, il m’est apparu évident de relier ces pulsions entre elles. J’ai ressenti un soulagement qu’un philosophe et théologien chrétien du IVème siècle, mette des mots sur un phénomène que j’avais toujours ressenti et vécu, mais qui, selon moi, manque cruellement de justes représentations.
Libido dominandi
Par exemple, j'ai souvent été frappée de voir des films comme The Wolf of Wall Street et d’autres du même genre, qui dépeignent le trading comme un univers frénétique, macho, misogyne, et violent. Dans les salles de marché où j’ai eu l’opportunité d’évoluer, au cours de mes dix années dans le commerce de matières premières, cette image est bien loin de la réalité. La majorité des traders que j’ai côtoyés, étaient plutôt des pères de famille ou de jeunes professionnels, issus pour la majorité de la classe moyenne, des personnes investies dans leur travail, qui avaient besoin de travailler dur pour compenser des histoires familiales faites de survie, de ruine, d’exil et de migrations. Ils et elles étaient souvent très analytiques et, la plupart du temps, détaché.e.s de leurs émotions, voire ayant des troubles sur le spectre autistique.
J’en suis venue à réaliser que cette libido de dominance ne se manifeste pas toujours par son intensité, sa violence ou par une obsession visible ; mais réside surtout, et avant tout, dans une forme de désinvolture profonde qui prend racine dans un cynisme ambiant. C’est probablement là que se situe la majorité des gens: dans une sorte de névrose ordinaire qui rend floue la limite entre ce qui est acceptable de ce qui est obscène. C’est dans ce brouillage que s’opère ce que Freud appelle “le clivage”, Lacan lui parle des “non-dupes”.
Autrement dit, il n’y a aujourd’hui plus de honte à percevoir en une semaine autant qu’un salarié durant toute sa vie. Je pense en particulier aux employés d'entreprises du secteur agro-alimentaire, de l'industrie de l'énergie (dont je faisais partie) ou de la finance, qui voyagent en business class tout au long de l'année pour participer à des conférences de deux jours à l'autre bout de la planète... afin de trouver des solutions ... pour le climat. Comme dans le commentaire de Rabi Yo’hanan, je retrouve aujourd’hui dans l’économie moderne, le même sentiment d’absence totale de limites à la libération des passions et des pulsions. Les non-dupes, ne peuvent plus voir la gravité du premier degré, il sont clivés, et répondent à leur propre faillite morale (en l’occurrence, moi pendant dix ans) par les arguments suivants: “Il faut bien que quelqu’un.e le fasse”, “de toute manière, le monde ne changera pas de sitôt”, “Tant que la société demande des armes, du pétrole et des vaccins, il est hypocrite de blâmer ceux qui travaillent dans ces industries”, “La nature s’adaptera toujours” et les meilleurs pour la fin … “Je vais utiliser mon salaire pour faire des choses positives pour le monde”, “Travailler dans l’industrie est la meilleure façon de la changer de l’intérieur”.
Alors que nous continuons de compter les morts en Espagne (des blanc.he.s dont la valeur vie est supérieure à celle des pays du Sud), il est grand temps d’interpeller les excès moraux qui nous ont menés à ce genre de déluges.
Le monde de l’art contemporain devient un réceptacle très clair de ce cynisme ambiant. L.O.V.E, Maurizio Cattelan, 2010, Milan
Nous sommes tellement imprégné.e.s de cette libido qu’elle s’insinue dans notre manière d’organiser la Cité, de gouverner, dans notre façon de penser, dans nos relations à autrui, dans notre manière d’aborder toute forme de vie, humaine ou animale.
"Grab them by the pussy. You can do anything."
Donald Trump, Président des Etats-Unis, 2005
Selon, Dany-Robert Dufour : « Nous sommes donc rentrés dans une époque de pornographie généralisée non seulement en termes d’exhibition sexuelles actuelles mais aussi dans toutes les autres activités caractérisées par l’obscénité. »[2]
Un dernier exemple encore plus direct, serait l’usage à grande échelle du hashtag #foodporn sur les réseaux sociaux montrant des photos de nourriture dégoulinante dans le but de susciter l'envie. Lorsque l’indécence se montre ainsi sans fard, sans honte, nous sommes en présence de faits obscènes.
La Tour de Babel du Burger - Suis-je la seule à trouver ce genre d’images malsain ?
Vous lisez quelqu’une qui, malgré ses airs de prêtresse moderne, est loin d’être incorruptible: énergies fossiles, dictatures, amants paramafieux, consommatrice invétérée de pains au chocolat et de plaisirs des corps, il me fallut des années pour me décliver. Enfin, après plusieurs années en thérapie, en thorapie et un léger burn-out, je suis fière d’annoncer qu’il semblerait que la libido dominandi, ne me fasse plus mouiller.
Olé!
Alors évidemment, il n’est pas ici question de moi, Julia. Baigner dans une culture perverse généralisée n’est pas sans conséquence sur les individus. La chute des grands récits idéologiques depuis les années 80 (la religion, le marxisme, l’écologie) a doucement laissé place au pullulement des petits récits qui s’accompagnent, pour la plus part du temps d’un exhibitionnisme décomplexé, avec ses petites jouissances quotidiennes, exaltées par la vente d’une marchandise ou d’un service.
Les influenceur.se.s qui s’exposent en vitrine, ne représentent-iels pas une nouvelle forme de prostitution moderne ? Le « moi » devient un produit complètement assumé. Je suis consommée et dèslors, je me dois de répondre aux règles du marché. Comme tout produit, je me dois de suivre la performance du produit: observer qui me regarde, adapter ma stratégie de communication pour attirer plus de vues, de likes, de partages.
Désirer toujours plus. Tout cela, dans le simple but d’exister. Ici la jouissance n’est plus seulement un acte mais un continuum, une manière de vivre.
Libido sentiendi
La perversion est ici causée par une culture mettant l’injonction à jouir au premier plan en la doublant d’une véritable interdiction. Il y’a tellement de cul autour de nous qu’on ne les voit même plus. Les pubs ci-dessous s’adressent à celui.celle qui les regarde en le.la chauffant, c’est à dire en lui intimant un commandement: Jouis!
La publicité est ici faite pour que un.e.tel.le offre un produit à un.e.tel.le, mais pas davantage, vous êtes sûrs ? Qu’est ce d’autre sinon une manière perverse de monétiser nos pulsions les plus primitives ?




Petite sélection de publicités
Les Dominique Pelicot ne sortent évidemment pas de nulle part. On aimerait que ce mari, organisateur de viols collectifs sur sa femme endormie, incarne une grande figure perverse, une irrégularité, un accident de la nature, une exception. Eh bien non, surprise! C’est un pur produit de révolutions culturelles issues du néo-capitalisme pour se survivre – sans pour autant lui enlever évidemment sa responsabilité individuelle.
La Cité perverse met en place une “sélection naturelle” des plus aptes, à soutenir son idéal - ce que j’ai longtemps appelé candidement “la méritocratie”. Les individus restants, même non-pervers, sont priés d’adopter des comportements pervers car toustes sont pris dans les filets de cette machine surpuissante. S’établit alors un parfait cercle vicieux : plus les scènes pornoisantes seront diffusées et plus elles deviendront des normes de comportement, et plus elles se répandront, plus elles créeront une demande que ces industries s’emploient à satisfaire … L’individu doit, pour sa propre sauvegarde, adopter le comportement qu’il prête aux autres, même si ce n’est pas véritablement le sien. [3]
Injonctions à la sexualisation de nos corps
Injonctions à la publication de nos vies privées
Injonctions à consommer
Injonctions à s’identifier à ce que l’on consomme
Injonctions à ouvrir nos relations sexuelles à différents horizons et différents partenaires, alors que tant d’entre nous souffrent encore dans leur propre corps ou ont du mal à s’y sentir tout à fait en paix
Injonctions à gagner plus, à produire plus, à poster plus, à générer plus
Plus. Plus. Plus. Plus de likes, plus de publications, plus de followers, plus de vues, plus de sponsors, plus de tune.
La vie est une image. Une série d’expériences excitantes.
Toujours plus excitantes.
Toujours plus de sensations.
Toujours plus.
C’est ainsi que je me réalise.
Un seul commandement : Tu Jouiras ! (et n’hésite pas à l’exhiber au monde entier)
Devenir une Noé
J’en suis donc venue à me demander : qu’est-ce qui a bien pu faire que Noé trouve grâce aux yeux de la Force Divine ? C’était quoi son truc ? Il était juste mignon et sympa ? Je me suis mise à imaginer Noé, ce qui, soyons honnêtes, n’est pas chose simple étant donné que le gars a quand même 500 ans à l’heure des faits. Mais on parle d’un homme qui a consacré 120 ans de sa vie, à la construction d’une arche à trois étages, pendant que les autres cocos étaient occupés à faire Bang-bang-balagan-grosse-orgie-on-fait-tout-péter.
וְנֹ֕חַ מָ֥צָא חֵ֖ן בְּעֵינֵ֥י יְהֹוָֽה
Et Noé trouva grâce aux yeux de Dieu.
(Genèse 6 : 8)
Commençons donc par son nom : le nom de Noé, Noa’h en hébreux contient les mêmes lettres que celles qui forment le mot Cheyn, souvent traduit par « beauté », « grâce », « faveur ». Noach, c'est Cheyn à l'envers. Or, c’est justement cette caractéristique qui lui permet d'être épargné lors de l'apocalypse, et de sauver le monde. En quoi consiste cette Cheyn ? Cette faveur, cette beauté ou cette grâce ne sont-elles que des caractéristiques arbitraires et superficielles ? Naissons nous avec ou pouvons nous la cultiver tout au long de notre vie ? Le Cheyn est-il inné ou acquis ?
En imaginant Noé, je me suis dit qu’il devait être une de ces personnes peu conventionnelle, en marge, un anticonformiste, indifférent aux jugements des autres, et fidèle à ses principes, même si certains le percevaient comme naïf. Il vivait selon ses propres convictions, sans compromis ni conflit intérieur, entre ses désirs et les attentes des autres. Tandis que le monde s’abandonnait à la violence et à la corruption, lui restait à l'écart, construisant son arche, palette par palette.
Et si le vrai contraire de la jouissance n'était pas l'abstinence, mais l'amour propre ?
La poétesse américaine
écrit dans sa Newsletter la chose suivante (texte traduit approximativement):« Quand je ressens ce que nous appelons l’‘amour de soi’ (en anglais self-love), je sens le moi se détacher, et cet amour ne vise plus une cible en forme d’Andrea, mais au contraire il pointe partout, dans toutes les directions, vers le nous tous, le collectif, dont je fais partie. Le Nous dont je parle ici s'étend au-delà de l'humanité, jusqu'aux têtards dans le ruisseau (…) Et pour être claire, cet amour ne dépend jamais de ce que j'ai ou n'ai pas accompli dans la vie, il ne se préoccupe même pas du fait que je sois une poétesse, qui veut créer de la beauté autour d’elle, parce que je suis, nous sommes, sans rien faire, Beauté. Cet amour applaudit mon être, m'aime simplement parce que je suis née, et m'aimera, nous aimera, après que nous ayons quitté ces corps temporaires.
Pourquoi nous a-t-on enseigné que pour mériter notre propre amour, nous devions être exceptionnels ? Être exceptionnel signifie être meilleur que les autres. Si mon amour dépend du fait d'être meilleur que les autres, alors mon amour dépend du fait que les autres soient moindres que moi, je n’appelle pas ça de l’amour.
Lorsque je ressens cet amour, je suis heureuse de n’être rien de spécial. Le fait de n'être rien de spécial est un vrai soulagement ! Cela me libère de l'impuissance de la comparaison. Et cela m'enracine dans l'apprentissage le plus transformateur de ma vie: lorsque je m'aime vraiment, j'aime en fait tout le monde. Nous tous, en même temps.
Ce dont Andréa Gibson parle ici c’est justement ce Cheyn qui ne serait non pas une beauté superficielle mais une sorte de confiance intérieure. Si la violence est le fait de ceux qui manquent d'assurance, qui jalousent, qui envient, jusqu’à prendre ce qui ne leurs est pas dû, la paix de Noé émane du fait qu'il sait qui il est. Il n’a pas trouvé grâce « sans raison ». Noé n'a simplement pas besoin de raison pour justifier son existence. Il affirme que sa vie, et la vie en général, a une valeur intrinsèque.
Il ne se fait pas valoir. Noé, est.
Noé devient donc le gardien des animaux, des êtres qui incarnent non pas la vie en tant que chose rationnelle, mais la vie en tant que telle. L'homme n'a pas besoin d'être un animal rationnel pour vivre, mais seulement d'être un bel animal.
Noé pourrait par exemple ressembler à Léonard Cohen dans sa dernière année de vie. Qu’en pensez-vous ?
La semaine prochaine, nous lirons l’histoire d'Abraham, le premier patriarche, qui incarne l'idée du non-compromis absolu… jusqu’à en sacrifier son fils, Isaac. Abraham défend une idéologie, une valeur morale suprême. En finissant de lire la paracha Noé, je me suis demandée s'il ne serait pas plus sage, avant d'aspirer à devenir un patriarche, un père, une mère, une leadeuse, avant de porter un quelconque combat, s’il ne serait pas plus sage de posséder au minimum l'essence d'un Noé ? La capacité de discernement, la force interne de savoir qui on est, le respect de soi qui pousse au respect de l’autre, l’amour propre qui pousse à l’amour de tous … En bref, les bases mêmes de l'Humanité.
Je vous laisse avec une anecdote. L’autre soir, je sors diner avec mon partenaire. On commande deux belles entrecôtes, sauce béarnaise, frites, salade, vin. On parle, on rit, on titube. La carte des desserts arrive, et là il me regarde et dit :
« A ce point-ci Julia, il n’est plus question de besoin, nous basculons clairement dans la corruption (avant de continuer avec un léger sourire des plus charmants) … Et je dois avouer … j’adore ça. »
Le riz au lait, marmelade poire & citron, caramel beurre salé était une tuerie.
Devenir une Noé est un chemin.
Et autant vous dire, je n’y suis pas encore.
Chavoua Tov,
Julia
Je dédie cet article aux Rhonel et aux Dan de ce monde,
à tous ceux et celles qui continuent de ne pas accepter la perversité morale de notre Cité et qui œuvrent tous les jours inlassablement à l’améliorer, palette par palette.
Merci à eux et elles d’être une source d’espoir et d’inspiration
[1] La Cité Perverse, Libéralisme et pornographie, Dany-Robert Dufour, 2009 p15 – Saint Augustin développe cette analyse dans le livre X des Confessions.
[2] Idem, 16
[3] Idem., Pages 44-48
Les traductions sont issues d’une édition de l’Ancien Testament interlinéaire hébreu-français avec une traduction par la Société biblique française, 2019
Wow! They just keep getting better! Thank you for your depth and intelligence ! I feel held ❤️