Ami.e.s du soir, Bonsoir,
Ça y est, l’heure est arrivée. Demain, vendredi 25 octobre, nous arrivons au bout du rouleau et, sans trêve, réentamons la lecture de la Torah, depuis son commencement: la Genèse. Trame narrative, style, métaphysique, la Genèse est un tel chef d’œuvre littéraire qu’une vie entière ne suffirait pas pour dénicher tous ses mystères et tous ses trésors. Création, transgression, péché, chute, inceste, fratricide, déluge et corruption, moral et cruauté, constellation familiale et condition humaine, rivalité, rédemption et sacrifice. Sexe, mensonge, amour, gloire et beauté. Ne cherchez plus. Tout y est !
Pourquoi relire ce texte ? Qu’est ce qu’il peut encore nous dire, aujourd’hui en 2024, du monde dans lequel nous vivons ? Les histoires peuvent elles changer le cours de l’Histoire ? Comment la Genèse a-t-elle façonné nos imaginaires ? C’est quoi ton Jardin d’Eden à toi ? Te sens-tu souvent coupable ? Si oui, de quoi ? Est-ce que tu crois que la culpabilité est héréditaire ? Qu’est-ce que nous dit Adam de l’archétype de l’homme premier ? Était il un homme responsable ? Que nous dit Ève de l’archétype de la femme première ? Quelle mère fit-elle pour avoir engendré un fratricide ? Qu’est ce qui fait que l’on est systématiquement attiré par ce qui nous est interdit ? La sexualité est-elle une faute ? Une souillure ? Un péché originel ? Ou bien la sexualité serait elle l’expérience de la rencontre entre deux nudités qui n’ont pas honte ? Tout couple n’aurait-il pas un peu d’Adam et un peu d’Ève en son sein ? Quelle est la place de la nudité dans notre rapport au monde aujourd’hui ? Quel est l’impact de la narration du péché originel sur la perception de la femme à travers les âges ? La religion est-elle misogyne ? Comment vouloir quoi que ce soit si l’on est, comme les animaux, programmés pour être résignés ? Comment espérer, chercher, rêver, se révolter, si on n’est pas conscient de ses limites ? Comment créer si on se complaît dans son sort?
Comme vous êtes nombreux.ses à m’avoir rejoint ces dernières semaines, je vous propose un petit récapitulatif des textes écrits autour de la Genèse (à l’époque où seul mon père me lisait), question de se remettre en jambes avant le début des épreuves du week-end.
Bienvenue et faites vous plaisir.
L’Art touche au Ciel et à la Terre, Xavier Mellery, 1901, Musée Royal des Beaux Arts de Belgique
Le récit d’Ève fut ma première pièce. En août 2023, je me retrouve dans les chaussures de cette jeune femme, avide de sensations fortes, qui veut sortir d’une histoire écrite d’avance, au caractère répétitif. Je voulais que nous commencions à parler d’Ève, non pas comme d’une nénette un peu naïve passée après Lilith, mais comme d'une femme qui prend ses responsabilités en main et qui a le courage de mettre l’Histoire en marche. Si elle avait dû attendre qu’Adam bouge son cul, je crois qu’on serait encore occupé à parler aux écureuils. Je plaisante (à moitié), le récit d’Adam est en cours de préparation. Stay tuned.
Cette fois-ci, ce n’est plus Ève le caractère principal de mon histoire, mais le fruit défendu. Dans cet article, je revois la mythologie derrière le symbole de la pomme et propose une lecture alternative du fruit défendu comme étant un puissant psychédélique. Dans cette version de l’Histoire, toutes celles et ceux qui pratiquent l’usage de substances pourraient donc se déclarer directement descendant.e.s de Ève. En choisissant de goûter au « fruit de la connaissance, du bien et du mal », Ève défie la loi en place, rencontre sa première mort, et dès lors sa première renaissance. Shabbat sous LSD anybody ?
Frissons frissons. L’Histoire ne commence pas à la Genèse mais avant ça. Dans l’ombre du néant, là où il n’est ni substance ni forme. Dans cet article, je me concentre sur la notion de Tohou ve Vohou, Tohu-Bohu. Je fais un détour par la Kabbale et un certain Isaac Louria avant de relier le Texte biblique au Sacre du Printemps de Stravinsky. La musique classique, elle aussi, eût besoin d’une rupture dissonante, d’une brisure violente, pour pouvoir avancer et se transformer à travers le XXIème siècle.
A la lumière de ce qui se passe aujourd’hui en Israël-Palestine, à Gaza et au Liban, alors que nous recommençons la lecture de la Torah, il est peut-être temps de se reposer la question du monde comme s’il en était à son premier jour. Comment faire avec nos brisures d’avant création ? Comment s’assurer que nos vases intérieurs puissent adéquatement transmettre et partager leur lumière ? Comment réparer, comment faire Tikkun et comment continuer à avancer vers ce qui est le mieux pour nous et pour le monde ?
Ce texte est un éloge à la complexité du chaos, aux ruptures identitaires, et aux failles des générations d’avant les nôtres. Le monde n’aurait pu être, n’aurait pu naître, sans le Tohu-Bohu.
Pour finir en velouté, ce texte est issu d’une première collaboration avec mon amie Laura, cinéphile, qui propose une lecture de l’histoire de Adam & Ève à travers le Cinéma, en prenant l’angle thématique de la tentation. Grâce à elle, nous redécouvrons plusieurs œuvres emblématiques telles que Matrix, Le Truman Show et Barbie, en dialogue avec la Genèse.
Je vous laisse ici.
Shabbat Shalom et beau recommencement à vous,
A bientôt,
Julia
Merci pour votre lecture
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